and when she's gone
where does that leave you ?
2017 (song) ;;
Sometimes the things you want the most don't happen and what you least expect happens. I don't know - you meet thousands of people and none of them really touch you. And then you meet one person and your life is changed forever.
Le silence et les étoiles dans le ciel. Un cadre romantique à en cracher des paillettes. Ça ne te ressemble pas tellement, ça te met un peu mal à l'aise, ça te rend maladroit. Mais tout ça, tu le fais pour une raison bien précise. Un pied après l'autre sur le chemin, tu n'es pourtant pas pressé de rentrer. Le silence te semble trop lourd, tu hésites entre le rompre ou l'accepter. Ce n'est pas si simple ; pourtant, tu ne joues pas ta vie. Mais pas loin. Tu es tout nerveux, tu as l'impression d'avoir les jambes affreusement molles et pourtant, tu pourrais courir des kilomètres si elle te le demandait. Parce que sérieusement, qu'est-ce que tu ne ferais pas pour un autre de ses sourires ? Elle est magnifique. Tu oses enfin un regard, à la dérobée. Juste une autre image dont tu aimerais te souvenir. Ses boucles blondes merveilleusement arrangées, cette robe qui sublime son corps, définissant chaque angle, chaque courbe. Le rouge à lèvres écarlate qui souligne son sourire.
Allez, respire Alek, un pied devant l'autre et évite de trébucher surtout. Peu à peu le quartier se fait familier, entre les bâtiments et les guirlandes lumineuses qui se mêlent dans les arbres ici et là. Tu te mordilles l'intérieur des joues, tu enfonces tes mains dans tes poches. Tu ne sais pas quoi dire et tu te sens terriblement stupide. Pourtant, la soirée était très bien : tu n'as pas renversé de verre de vin, tu n'as rien cassé ni sorti de choses trop embarrassantes en discutant. Du moins, tu n'en as pas l'impression. Qui sait, tu perds tellement tes moyens quand tu dois la regarder dans les yeux pour discuter.
« Et nous y voilà... » Qu'elle lâche finalement. Tu t'arrêtes un peu vivement, te tournant vers elle.
« Oh. » Oh, oui. Vous voilà chez elle. Tu déglutis un peu, tu regardes la façade du bâtiment. Finalement tu tentes un sourire.
« C'est, hm. Joli. » Elle te regarde avec un petit sourire moqueur. Tu le vois à la tension dans ses joues, elle a envie de rire de toi mais elle se retient, sans doute pour ne pas te mettre mal à l'aise. Toi tu souris toujours aussi niaisement pour te rattraper.
« Merci. » Qu'elle dit finalement. Tu acquiesces un peu bêtement, paralysé par ce foutu malaise qui te prend dès que tu n'as plus rien à lui dire. Le silence, beaucoup trop de silence.
« Bien.. Bonne soirée. » Tu tritures tu ne sais quoi au fond de ta poche, tu restes un instant à la regarder dans le blanc des yeux avant de te détourner. Mais elle te rappelle.
« Hey Bjørnsen, t'oublie pas quelque chose ? » Tu te tournes, un peu curieux, pour voir qu'elle a encore ton écharpe autour du cou. Alors tu reviens vers elle.
« Ma mémoire, tu sais... » Que tu fais, un peu joueur. Elle sait, tu lui as déjà fait le coup avec des papiers à son institut, rien que pour avoir le plaisir de la revoir. Elle retire l'écharpe et te la passe autour du cou, tu la regardes faire sans rien dire. Puis comme ça, spontanément, elle tire un peu dessus et la pression te fait baisser la tête ; tes lèvres rencontrent les siennes et bordel, oui, t'es le plus heureux des hommes.
2020 (song) ;;
There's a reason I said I'd be happy alone. It wasn't 'cause I thought I'd be happy alone. It was because I thought if I loved someone and then it fell apart, I might not make it. It's easier to be alone, because what if you learn that you need love and you don't have it? What if you like it and lean on it? What if you shape your life around it and then it falls apart? Can you even survive that kind of pain? Losing love is like organ damage. It's like dying. The only difference is death ends. This? It could go on forever.
« Noraaaaah. » Tu protestes avec un grand sourire, elle t'agace, elle teste la patience. Elle te tease comme elle aime si bien le faire et ça te met gentiment les nerfs en pelote. T'es fatigué. T'as tellement envie qu'elle rentre. La serrer dans tes bras et lui masser les épaules alors que vous échangez un peu sur votre journée, même si vous êtes rincés. C'est ainsi que va la vie. Doucement, tranquillement. Des bonnes nouvelles, des projets. Un dernier baiser au petit matin avant de se séparer pour aller bosser. Une journée normale, les mêmes petites conneries que d'habitude. Des petits riens dont on se plaint pour la forme, parce que tout ne peut décemment pas être parfait. Puis, comme ça, d'un coup.
Tout s'effondre.
Ton visage se ferme, tes sourcils se froncent alors que tu crois pendant un instant que c'est juste le réseau qui fait des siennes. Tu check l'écran, juste pour être sûr de pas rêver. Puis tu les entends, tous ces bruits, l'affreuse mélodie macabre au milieu de laquelle tu viens de perdre sa voix. Des tôles qui se froissent, du verre qui éclate. Un klaxon qui ne s'arrête plus, des alarmes en vacarme. Orchestre funeste. Tu restes paralysé, les doigts crispés trop fort sur ton portable.
« Norah ? NORAH ? » Tu cries, tu hurles. Son nom danse sur tes cordes vocales comme un appel à l'aide. Une dernière supplique.
Please come back. Please tell me you're safe. Please pick up that damn phone and tell me everything is okay.Mais elle ne reprend pas le téléphone.
She will never pick up again. Ever. Tu t'époumones sur son prénom, si bien que ton voisin du haut tape contre ton plafond pour te demander de fermer ta grande gueule. Mais y'a rien qui y fait. Tu continues à appeler son prénom, un millier de fois encore. Tu cours à travers les pièces, tu récupères des vêtements que tu enfiles un peu n'importe comment.
« Babe please. Bébé réponds, j't'en supplie. » Tes lèvres en tremblent. La peur te ronge.
What the fuck just happened ? D'autres bruits que tu entends à l'autre bout de la ligne. Des gens qui approchent, des voix que tu ne connais pas. Et bientôt les sirènes des secours.
Quelques secondes plus tard, t'es déjà sur la route. Tu roules trop fort, qu'importe. T'as besoin de savoir qu'elle va bien, que c'était juste qu'un coup d'adrénaline, que le téléphone a amplifié tes impressions. Alors tu prends la route qui la mène jusqu'à chez vous quand elle revient du travail, et il te faut pas longtemps pour apercevoir des gyrophares bleus dans la nuit. Tu t'avances, tu te gardes n'importe où, n'importe comment, tu laisses tout d'ouvert et tu cours vers les lieux de l'accident. Tu reconnais sa voiture et t'en perds toutes les couleurs, à en juger par l'état de la carcasse.
Tu aperçois un de tes collègues, quand d'autres te retiennent à la barrière de sécurité.
« Fuck, Svein dis-moi qu'elle va bien. » Y'a un sanglot qui donne une drôle d'intonation à ta voix.
« Je sais pas Alek, calme-toi.. » « NON MAIS FUCK ! J'ai pas besoin de me calmer, j'ai besoin que tu me dises qu'elle va bien ! » Il a une mine grave et même s'il ose rien dire, tu sens qu'il se passe quelque chose.
« Elle... » Tu supposes le pire, il secoue la tête.
« J'en sais rien Alek, ils viennent de l'emmener à l'hôpital. » Sur l'instant, t'as aucune considération pour l'autre impliqué de l'accident. Tout ce qui compte c'est Norah. Alors tu repars en courant, tu récupères ta voiture et tu roules toujours aussi vite. T'as tellement besoin d'elle.
You can't lose her.***
Tu peux pas rester assis comme les autres. Tout le monde est là. Toute ta famille en tout cas, ton frère, ta sœur, tes parents. Même quelques uns de tes bons amis ont laissé le poste de police pour veiller à l'hôpital. Mais tu ne peux pas être calme comme eux. T'as besoin de savoir ce qu'il en est.
« Mais qu'est-ce qui leur prend tant de temps ? » Tu rages un peu sous le regard inquiet de ta mère. Svein et un autre de tes collègues s'échangent un regard, et tu te demandes ce que c'est qu'il ne veut pas te dire. Qu'est-ce que t'as bien pu louper ? Le médecin arrive, tout le monde lève la tête. Il t'invite à le suivre un peu plus loin et tu obéis sans réfléchir.
« Monsieur Bjørnsen, je suis sincèrement désolé mais. » No. Please tell me she's fine. Tell me she's waiting for me and everything is alright. « Nous n'avons pu rien faire. Miss Sandvik est décédée. » Tu te grattes la nuque, incrédule.
« Quoi ? Comment ça elle est.. Non, enfin. Je. » Il te regarde, de ce regard trop sérieux, trop dur. Bien trop réel.
« Je suis sincèrement désolé. » Qu'il répète. Mais bon sang, tu t'en fous qu'il soit désolé. T'as juste envie de t'effondrer, tu ne veux pas y croire. Les autres te voient, plus loin. Ils te voient tanguer, tirer sur tes mèches brunes et t'adosser au mur, le corps secoué de sanglots.
« Oh god. » Que tu lâches d'une voix étranglée, quand tu réalises enfin. Elle est morte. Norah est morte.
Les autres n'ont pas besoin de s'approcher pour comprendre. Ta mère s'effondre contre ton père, ta sœur cache ses larmes et ton frère regarde le pavé pour couvrir ses émotions. Les autres ne savent plus où se mettre devant ta détresse. Norah est morte.
« Malheureusement nous ne pouvons rien faire pour le bébé. »« Le bébé ? »« Votre compagne attendait un enfant... » Tu relèves la tête vers le médecin, tes yeux noyés par les larmes. La détresse redouble et t'as l'impression qu'à tout instant, ton cœur pourrait lâcher. Alors c'était ça, la grande nouvelle ? Tu glisses tes mains contre ton visage. Tout ça, c'était de ta faute. Jamais tu n'aurais dû l'appeler. Jamais tu n'aurais dû garder la ligne alors qu'elle conduisait. Jamais tu n'aurais dû être impatient. Tu aurais juste dû fermer ta gueule pour une fois et attendre qu'elle rentre.
She's dead. And it's all because of you. You got her killed. It's on you, and you only. It's not about the other guy. It's about you. You killed Norah. And there is nothing that you can do that is going to bring her back. You killed her.2022 (song) ;;
There will always be a part of you that misses her. You'll see something that reminds you of her and want to tell her about it, only to realize she's not there anymore. Then you'll feel her loss all over again.
C'est une autre de ces soirées. Une de celles où tu rentres trop tard chez toi, seul, dans un appartement trop grand pour toi tout seul. Cet appartement qui autrefois était un « chez vous », qui est devenu un « chez toi » depuis deux ans maintenant. Une autre soirée en solitaire, étalé dans le sofa à regarder des émissions complètement inintéressantes à la télévision. Tu fais ça pour te distraire plutôt qu'autre chose. Tu espères t'endormir sans trop de mal dans le sofa – des fois, dormir dans ce qui était « votre » lit devient trop difficile, certaines nuits. Alors tu passes ta nuit sur le canapé, même si ça te casse le dos. Qu'importe réellement. C'est pas comme si tu faisais vraiment attention à toi, depuis qu'elle est partie.
Oh, pas tant que tu te laisses aller. Le sport est une des seules choses qui te permettent de ne pas sombrer pour de bon. Mais tu ne prends plus la peine de sortir, malgré les tentatives de tes amis. Tu préfères te noyer dans le travail, t'assommer assez pour être trop rincé en rentrant pour faire quoi que ce soit d'autre que dormir. Ça marche plutôt bien, mais ta vie sociale en souffre. Tu ne fais plus vraiment d'efforts sur tout cela. Tu n'en vois pas l'intérêt. Pourtant, tu devrais. Tu es au début de ta trentaine, tu peux encore faire bien des choses. Trouver quelqu'un qui t'aime, même si jamais personne ne t'aimera autant que Norah, elle, t'aimait. Tu en es convaincu. Mais la vie ne s'arrête pas maintenant, Bjørnsen. Tu as encore bien des aventures à vivre. De belles aventures, même sans elle.
Tu regardes l'écran de la tv, toutes ces publicités, ces choses qui parviennent à te distraire rien qu'un peu. Deux ans. Il est grand temps de tourner la page. Mais même si tu prétends avoir fait ton deuil, elle est toujours là, quelque part dans ton esprit. Elle est cette blonde que tu croises sur un trottoir. Celle que tu espères un peu naïvement voir pousser la porte du bar de tes parents. Celle qui ne reviendra jamais. Ton regard accroche l'autre pub à la télévision, pour une agence de voyage, faisant défiler des images d'un pays que tu aurais déjà dû visiter. Car c'était votre grand projet, d'y partir, avant qu'elle ne décède. C'était un petit bout de rêve que vous prépariez tranquillement, que vous alliez enfin réaliser. C'était aussi là-bas que tu t'étais imaginé lui demander d'être ta femme. Ça aurait été sans doute maladroit, trop précipité, mais tu l'aimais tant.
Dean te ramène à toi alors qu'il te saute dessus pour réclamer des caresses. Ce chat est tellement énorme. Le régime n'aura pas tenu bien longtemps à vrai dire. Le temps que vous aurez partagé avec Norah, qui appréciait beaucoup ce gros matou. Tu lui grattouilles la tête, souriant tristement.
« Elle te manque à toi aussi, pas vrai ? » Il t'observe un instant avant de se faire une place, en boule à côté de toi. Tu souris un peu plus et tu visses à nouveau un regard vide sur la télévision. C'est une autre de ces soirées oui. Une autre de ces soirées sans elle.